Une régate océanique au coude à coude entre foilers de différentes générations et bateaux archimédiens, 8 bateaux en 24h à l’arrivée, un temps de course 10 à 15j plus long qu’estimé… Ce Vendée Globe va-t-il rebattre les cartes des avancées architecturales en IMOCA ?
Après l’étonnement, viennent les questions et le besoin de réponses…
Si l’on sait identifier les principales raisons des étonnants résultats de ce Vendée Globe 2020 :
- des scénarios météo qui n’ont jamais permis aux premiers de faire le break,
- des conditions très rarement propices aux foilers dernière génération,
- la dureté des nouveaux foilers et les limites humaines pour exploiter ces machines à 100% ou même à 80% de leur potentiel,
- l’accident de Kevin Escoffier : plus d’un coureur a avoué à l’arrivée avoir consciemment ou pas levé le pied dans le grand sud…
...on cherche aujourd’hui à comprendre ce qui s’est réellement passé en mer.
Avant tout, posons le contexte de ce Vendée Globe
- L’arrivée des foils représente un réel saut technologique : cela demande un apprentissage de ce nouveau mode de navigation.
- Les cycles de développement sont très courts : l’apprentissage doit donc être rapide et efficace, pertinent.
- Les données fournies par un IMOCA sont devenues multiples et complexes à analyser : autant d’informations “perdues”, surtout sur des navigations au long cours type transat ou tour du monde.
- Les architectes et bureaux d’études n’ont pas assez de retours de la part des navigants sur ce qu’il s’est passé en mer (cf. témoignage de Quentin Lucet*)
- Les investissements pour la quête de performance sont de plus en plus importants : les rentabiliser passe par une limitation des risques, et donc par une meilleure connaissance du bateau.
Bref, la course au large est entrée dans une nouvelle dimension technologique. Tous les acteurs de la performance et de la fiabilisation d’un IMOCA ont besoin d’avoir accès – et de partager – toutes les informations liées à chaque navigation, de façon à avoir une vision la plus complète et actualisée possible de “la vie” du bateau, pour comprendre ce qu’il s’est réellement passé en mer.
La matière première de cette connaissance, ce sont les datas : trace Adrena, capteurs, commentaires, photos et vidéos du bord… Ce sont tous ces éléments que M2 prend en compte pour permettre à chacun d’aller chercher les réponses techniques dont il a besoin pour comprendre et apprendre.
Ces informations sont accessibles à tous : elles permettent ainsi des échanges plus riches, plus rapides, plus efficaces au sein d’une équipe et avec l’ensemble des acteurs de la performance et de la fiabilisation du bateau.
Cette méthode d’apprentissage apporte une vision globale, fiable, précise : la donnée livre tous ses secrets et tout le monde dispose du même niveau d’information.
La réflexion peut alors être collective et gagner ainsi en pertinence.
Julien Villion :
AIM45 représente à la fois un précieux gain de temps, la capacité de traiter de gros volumes de données et la possibilité de travailler en équipe. Cette solution est super complète et elle évolue encore :
c’est clairement l’avenir de l’analyse de performance de la course au large.
Une méthode pour tous les navigants
M2 va permettre de décrypter tous les enseignements cachés dans les traces des coureurs IMOCA qui viennent de boucler leur tour du monde.
Mais cet outil d’apprentissage est tout aussi utile aux Figaristes, aux coureurs Class40 et IRC qui préparent leur saison…
Franck Cammas, co-skipper du Maxi Edmond de Rothschild :
Avec M2, un marin, pas formé à l’utilisation de ces logiciels complexes d’analyse de données, peut faire ses propres analyses sans faire appel à un technicien spécialisé.
C’est très souple. C’est la plateforme la plus fonctionnelle que je connaisse. Elle est vraiment adaptée aux navigants.
Lire tout le témoignage…
Exemples d’enseignements via M2
Je suis skipper, je peux :
- centraliser toutes les informations issues de chacune de mes navigations : commentaires, trace, data, photos, vidéo,
- communiquer avec mon coach, mon préparateur, mon analyste de perf, mon architecte, mon routeur ou mon dessinateur de voile sur la base de mes navigations, …
Je suis responsable technique, je peux :
- effectuer une surveillance de l’ensemble des systèmes du bateau juste après chaque navigation, …
Je suis dessinateur de voiles, je peux :
- recevoir les ranges d’utilisation de mes voiles de la part de mes clients ainsi que les photos de mes voiles prises à bord avec les conditions de navigation, …
Je suis architecte, je peux :
- recevoir les performances de mes bateaux dans les conditions réelles de navigation
- récupérer les données de la centrale inertielle pour nourrir mes outils de simulation
Je suis responsable du bureau d’étude, je peux :
- suivre la vie du bateau pour mieux comprendre son comportement afin de décider de ses évolutions
Je suis ingénieur structure, je peux :
- recevoir les données de déformation des pièces composites issues de la fibre optique à haute fréquence,
- faire le lien entre outils de calcul et réalité des efforts subis par le bateau, …
Je suis directeur du projet, je peux :
- baser nos décisions sur les faits réels de nos navigations,
- sécuriser mes investissements, …
Je suis coach, je peux :
- partager mes photos à tout le groupe en temps réel, …
Je suis en charge de la communication d’un projet, je peux :
- mieux comprendre ce qui se passe sur l’eau, …
Je suis fabricant d’un système de production d’énergie, je peux :
- facilement accéder aux données des capteurs de mon système pour travailler en étroite collaboration, …
Je suis routeur pour un record ou un multicoque, je peux :
- rejouer le fil des échanges avec le bord directement sur la trace et analyser nos prises de décisions, …
* Quentin Lucet : Le premier enseignement de ce Vendée Globe, c’est vraiment de se dire que ce n’est pas que sur des statistiques de vents et de vagues qu’on va dessiner un bateau, il faut vraiment qu’il y ait des échanges beaucoup plus présents entre marins et architectes. Le temps où on avait un cahier des charges du skipper pour dessiner un bateau, mais sans forcément être dans l’échange avec lui pendant tout le processus de conception est révolu. (Source Tip & Shaft)
Infographie : © Isabelle KELLER