Olivier, c’est un peu la saison des mises à l’eau, beaucoup de bateaux sortent de leur chantier d’hiver d’autres sont mis à l’eau pour la première fois. Quels sont les enjeux pour ces équipes ?
Un double enjeu, avec la remise en route technique du bateau comprenant la validation des travaux effectués pendant le chantier d’hiver. D’autre part, il s’agit de reprendre les entraînements sportifs en vue des objectifs fixés pour la saison.
Les premières courses vont arriver très vite. Avec ta casquette de ”Responsable de la performance”, quels sont tes conseils aux skippers pour gagner en efficacité dans leur préparation ?
Je pense que pour être efficace, il est nécessaire d’avoir réfléchi aux différents axes de travail que l’on veut approfondir avec un niveau de priorité. Les entrainements vont être dépendants à la fois de la météo et des problèmes techniques, il faudra donc ajuster ses objectifs de travail à chaque session de navigation.
Un autre point est de retrouver les repères et sensations de la saison précédente. C’est la base sur laquelle, l’équipe va pouvoir travailler. Si, par exemple, à la fin de la saison précédente, il y a eu une transat, tous les outils qui servent de référence (polaire, Sailect, abaque, marque de réglage, table de calibration…) doivent être évalués et mis à jour si nécessaire. Connaître ses repères et sa base de référence est un élément très important pour progresser dans la connaissance de son bateau. Donc en début de saison passer du temps sur ces outils permettra de gagner du temps et être plus efficace dans ses choix au cours de la saison.
Et pendant les courses / au cours de la saison ?
Il faut garder en tête l’objectif principal de sa saison et essayer de tenir le plan de travail défini. Même si celui-ci est amené à changer en fonction des performances en cours de saison.
Chaque course peut être une étape intermédiaire vers l’objectif final et servir d’étape de validation de certains choix techniques ou de réglage du bateau. C’est aussi le bon moment pour faire le point et faire évoluer les références dont on a parlé précédemment.
Les données dans tout ça ?
Il est difficile pour un marin aujourd’hui de passer à côté. Les données servent tous les aspects d’un projet de course au large; Elles vont permettre d’alimenter les routages et les décisions stratégiques en course, elles vont servir les navigations en apportant des repères objectifs de performance. Et pour les plus gros bateaux, elles répondent à des enjeux de fiabilité et de développement technique.
L’analyse de la donnée est souvent vue comme complexe et chronophage mais aujourd’hui Il existe des outils comme M2 qui permettent l’accès à la donnée avec des fonctionnalités qui facilitent l’analyse. L’objectif est que les coureurs puissent apporter rapidement des réponses à leur questions.
In fine le temps passé derrière l’écran sera du temps gagné sur la saison. Des réponses plus rapides, plus fiables, et au global une plus grande confiance dans son bateau et sa performance.
Il est important de mettre en place le bon process pour valoriser chacune des navigations et que les données soient une source d’informations disponibles en permanence, que l’on soit en entraînement ou en régate.
Quelle est la tendance chez les coureurs ?
Les Ultimes et IMOCA ont compris l’importance de la donnée depuis quelque temps déjà. L’enjeu pour eux est de la partager plus globalement, la rendre accessible pour qu’elle sorte du BE et qu’elle alimente tout le monde au sein de l’équipe (mateloteur, navigants, coach, techniciens composite, voiliers…) et de façon systématique après chaque navigation.
Dans les autres classes ; Ocean 50, class 40, Figaro, où les équipes sont réduites, voire la plupart du temps unipersonnelles, on voit que c’est un sujet qui gagne en importance. Depuis le début de l’année nous avons beaucoup de sollicitations de coureurs et de pôles pour former et accompagner sur le sujet. Même des Ministes nous demandent des informations sur M2 ;).